mercredi 18 novembre 2009

Trucages Décomposition L'avare Ivresses

Trucages

Le hasard est si grand que nous voulons tout prévoir. Comment se prémunir de l’impondérable ? Inutile de se calfeutrer sous un pont d’érable d'indifférence et de mépris envers le temps qui part Platon, lui, savait qu’il ne savait presque rien
Et qu'impénétrables sont les voies du destin. Quant à l’homme m’a dit un sorcier ivoirien : « Il veut tout dominer mais il n’y voit rien. » Sommes-nous donc condamnés à vivre sous tension Et peut-on espérer une réconciliation ? Dirons ceux que le temps chaperonne et écrase. Si on le suspendait, tout serait couvert d’ombres Il n’y aurait plus de nouveau sans nouveaux nombres. N’en doutez pas, l’avenir et les rêves en quelques sortes se croisent !



Décomposition

Sous un ciel obscur, dans un hôpital noir Acculé dans les profonds ténèbres du néant Personne n’était au courant quand naquit un espoir Dans une ville perdue dans la nuit, ce petit nez en Avant annonçait le caractère décidé Des enfants. De sa mère étant un vrai miroir On eut pu croire qu’il ne la vit pas. Dans le noir Celle-ci, tout juste des souffrances décédées Sans crier avait quitté son fils, dans le noir
Pour ne pas déranger sa moitié endormi. Le marmot tâtant le sein pour s'abreuvoir
Senti le froid, senti la mort dans son lait Personne ne saura combien il souffrait étranglé par son cordon à la même tragédie.



L'avare


J’ai connu un homme qui vivait dans un sommeil
Qui ne vivait pas ses rêves mais rêvait sa vie
Il passait tout son temps de soleil en sommeils
Et de nuit en sommeil. C’était un être d’envie
Qui ne désirait que dormir. Rêves de festins,
Rêves de femmes nues, rêves de grandeur et de pouvoir,
D’or et d’encens ; dansant, chantant le lendemain
Il accomplissait l’impossible: dormir pour voir,
Et sentir, et toucher, et goûter, et entendre,
Il pouvait à sa guise sauter, acheter ou vendre
Mille et unes vies. Nanti de ses grands pouvoirs
Il pouvait comme dans un songe vivre à sa guise
Comme l’homme vie dans la réalité la plus noire
Les fantasmes que les rêves dissimulent et aiguisent.



Ivresses

J’ai la diction pâteuse et le regard vitreux. Depuis une heure au bar à faire le pied de grue Attendant ma blonde je me suis aviné. La rue Pleine de monde semble étrécie. J’ai un petit creux Et le bar ne sert rien sinon des libations Si vous voyez une belle femme rousse, dis-je au barman, Qui entrant du regard cherche en toutes directions Dites-lui qu'elle attende et que cela me tanne De boire seul et le ventre vide. Je vais manger Rapidement et je reviens là, dans un instant. J'étais de retour hélasse rien n'avait bougé Sinon que bien repus je ne me tenais plus droit. La foule informe, l'absurde absence, le cœur battant Je bus encore, étant tout de même sans ma reine, roi.

1 commentaire: