mercredi 2 décembre 2009

PARIS CORPS A COEUR

Postface aux éditions Lafuma des Pensées.
Authentique brouillonneur, aux antipodes d’une force
Rédactionnelle, l’auteur, réactionnaire, vissé,
Insoutenablement formel et plat, d’une écorce
Sèche, sans emphase ni sève, fade, amère, indigeste

Chaloupé, force le mépris. Par des facéties,
Obtus, sinueux, lourd, par des acrobaties,
Raide comme sa fragile corde, ambigu, il leste,
Pratiquant une gymnastique grammaticale
Saccadée, irrégulière, imprononçable

Attristante, le commentaire. Ce torrent verbal

Cependant ne signifie rien d’indubitable ;
Offensif, fulgurant il déforme et rapièce,
Encré dans un abîme de dissonances, Pascal.
Ubuesque facture donc, où décadence et liesse
Révèlent les risques d’une progression un peu brutale.

Principe de bataille et batailles de principes

Vivre avec un idéal, le construire sans briser les idéaux de ses semblables
Tisser des sentiments dans la paix, fréquenter des espaces
Aller derrière les mots, aller devant, aller de l'avant
Comme pour rendre gloire à l'espèce.
Rendre à l'amour la monnaie de sa pièce
Se façonner au cœur de partout devenir l'instant anodin, se dépasser.
Tacle


Sur le circuit du commun singulier, dans une spirale de traits en devenir sur le ventre ou sur le dos, Sautant hors de l’eau un instant dans l’air, dévalant, inhalant les pins verts bruns s’envolant sur l’océan gris violet, main dans la main sur le bord d’un merveilleux sommeil, élancées, enlacées vers les yeux bleus, l’œil marron vert, dans l'ombre boiront la délétère lumière raturé d’azur tournant à l’orange revirant au mauve du soleil vermeil mouvant.


Toupie

Tout ce qui existe à la pointe de la science devrait se donner à l'humanité pour qu'elle puisse donner le meilleur d'elle même.
L'humanité vit en permanence de transactions, dans une incertitude de mouvements qui la dépassent et la déplacent, comme un centre décentré, comme une toupie.
L'humanité tourne sur elle même.

Acide

La société maladive dans laquelle nous vivons est un bacille puissant qui engendre une partie insoupçonnée des maladies mentales de l'individu.

Tuons les hommes de pouvoir

Les hommes sont parfois étonnant. Certains règnent en maître sur ces nouveaux empires qu'on appelle major, décidant qui ou qui sera quoi, qui ou qui aura quoi. Ils brandissent des fiches de paie en guise de sceptre, s'entourent d'une élite qui calcule savamment des seuils de tolérance, amassant dans des coffres des fortunes insoupçonnables. Or ces même hommes de pouvoir, dans toute la magnificence de leur grandeur et de leur puissance, souvent ne savent ni laver leur linge, ni cuisiner, ni chanter ni faire leur lit. C'est un peu comme si ces hommes hors du commun étaient dépourvus de sens commun. Ces mêmes hommes, pour se grandir plus encore, s'approprient à tord et à travers, les bon mots, les maximes de penseurs dont la raison les dépasse et les irradie. Ces même hommes, pour gagner encore plus de crédit, embrassent sur les ruines de l'amour, un contrat social ésotérique nommé mariage. Ces mêmes hommes cherchent à devenir des maîtres, non dans le but d'enseigner mais dans le but d'accéder à une espèce de savoir et de maîtrise ultime. Ces même hommes qui nous dépassent, sont eux-même dépassés par le système insipide que constitue l'algorithme binaire de leur vie. 110 010 001 101 011 ...Figurants remarquables, leur nombre est limité, contrairement à leur compte en banque. Ils détiennent une capacité de travail importante, mais leur capacité cognitive se borne à leur individualisme. Ces hommes de pouvoir recherche le plaisir sans l'effort, ils leurs faut donc trouver des moyens détournés pour arriver à leurs fins, ils doivent trouver leurs esclaves modernes. Ils peuvent détenir des facilités psychologiques qu'ils emploient pour servir leurs fins. La séduction, la dévalorisation, la tromperie entre autre. Séduire pour manipuler, dévaloriser pour mieux se faire valoir, mentir pour gagner du temps... Ces hommes de pouvoir sont soit idiots soit intelligents. Les premiers présentent un danger pour eux-mêmes, les seconds un danger pour les autres.

Le marcheur

Je suis sur la route, parti pour un voyage sans délai de retour, comme enchaîné à cette vie de bohême, poussé par cette solitude triste qui rejette l’amitié de confort et force la rencontre.
J’ai croisé le chemin des vies ordinaires et côtoyé le murmure de récits illustres et oubliés.
Je me souviens de toutes les femmes que j'ai oubliées
Celle au bras d’un homme, le regard alerte, évasif
Celle au bras d’un homme, le regard superficiellement heureux
Celle sans le bras d’un homme, superficiellement triste
Celle sans le bras d’un homme, le regard alerte, dominatrice
Les hommes de la même trempe :
Même incertitude sentimentale
Même déterminisme social
Même volonté de pouvoir
Être sur la route est souvent perçu comme être à l’écart de la société. C’est faux.
J’étais sur les routes qui relient les villes et qui cimentent la société.
Ce que j’ai vu tous pouvaient le voir.
Il n’y avait ni mensonge, ni poésie, encore moins voyance.
Tout était là, il suffisait d’y aller ; ici, là, là-bas.
A vivre nulle part, on fini par vivre partout.
On ne vie plus dans une ville, dans un territoire, dans un pays.
On vie d'endroits différents pendant que d'autres s'abritent sous leur drapeau national.
On vie intransitif.
En refusant de se faire sédentaire, en rejetant le lien à la terre on devient pire qu’un étranger.
L’étranger, lui, se revendique encore de quelque part. On devient un sans visage, un sans âge ; la négation d’un mode de vie commun une abstraction vivante incomprise et passagère, qui ne possède rien, et que le manque de possession dématérialise.
On ne devient ni une bête ni un dieu. On devient ces deux extrêmes en même temps, une sorte de divinité bestiale. On n’est plus au fait des conversations sophistiquées, on manque d’actualisation.
Mais, au lieu d’être fasciné par des discours qui nous dépassent et nous enferme, on en descelle au moins le sens, sinon aussi la portée. Le discours devient banal en soi, seules importent ses intentions, ses conséquences. On ne juge plus des actes, des personnes, mais des situations. Les gens deviennent nus et leur pudeur vous haïe.
Sans science, sans charisme, sans art, sans sexe, mon discours sans visage ne dispose plus que de ses premières racines ; sans espoir, sans avenir, sans querelles, sans amour, sans beauté.
Mon discours devient une glaise informe et impure qui se prive et s’affame de la vitalité dialectique unanime et complexe. Je ne parle plus que pour répondre aux critères de normalité, d’une voix neutre et égale. En vérité les gens ne m’intéressent plus. Ce qui m’intéresse, se sont le personnage qu’ils portent en eux. Les gens sont tellement mimétiques. Tout ce qu’ils demandent c’est qu’on leur donne la réplique. Leur personnage est plus vivant qu’eux-mêmes. Il incarne la victoire de l'idéal. L'animal politique emprunt d’imitation, qui a emprunté des rêves inaccessibles. Au font, tout le monde veux non pas la même chose, mais des choses insensés. Des vérités secrète, de la personnalité, l'espoir du changement, de l'attachement.

Lxxxxxx

I feel sorry and I feel sorrow from the pain that I bring you as for the pain that I feel, you made me so much a better man that I feel like in debt with you.
Like the national band say “it was all for me and I don't know why .../...”
I will love you for all my life long as I believe that you are bringing me more than I expected.
As I believe in love, as you are the creation that is free from anything.
I have been thinking so much about you every day, about the beauty of any piece of your all mind and body, about the future that we might live.
A future that last because there is a something that look great after all.

mercredi 18 novembre 2009

I. II. III.

I.

Elle a de belles formes bien qu'un peu fluette
Elle porte de vives couleurs, lisse et rosette
On pourrait la croire dormeuse, anémiée
Mais elle tient bien la fête la reine du damier
Pour elle, la fée, un prince; pour moi la ferronnerie
Pour elle atours et accessoires, pour moi le costume gris
Pour elle, la mer; pour moi la bastingage
Pour elle, l'amour, pour moi le badinage
Pour elle, j'attrape des mots et en fais des nuages
Elle dépose sur ma joue un bisou humide
De cette douceur timide qui la caractérise
Plus je pense à elle
Plus son visage dessine ma rêverie diurne
Et son image rafraîchie, comme une ombrelle
Les élans de mon cœur taciturne.
Je lui fais la conversation pour mieux cacher
Les morceaux de mes sentiments par elle arrachés
Pour faire durer un temps qui n'a pas d'heures
Où une fois encore et ses yeux et son corps se dérobent.
Bonjour ma demoiselle encore je rêve
Et cette douce nonchalance presque m'exaspère
Dans ta chambre je me fais un sang bleu
A regret j'ai rangé le marteau et la faucille
Pour te bâtir un château de prestige merveilleux
Peu m'importe d'être riche, je suis pauvre
Parce qu'à l'onéreux je préfère l'onirique
Parce que mon plus grand alcool c'est cet alcôve
Lorsque c'est toi qui partage les lyriques
Des élans amoureux d'un cœur accidenté.



II.

Pour moi l'airain, pour elle les ailes d'ange
De l'amour, certainement, il faudrait construire un poème infini
Car ici réside entre autre le sens profond de tout écrit
Regarde mon humble visage et mes yeux communs
Mon sang brûle du désir de croiser ton chemin.
Vois-tu comme le monde t'appartient
Je ne suis qu'une poussière qui s'échappe de tes mains
Nos faiblesses trop souvent nous retiennent
Mais elles sont autant de victoires pour peu qu'on les comprennent
L'amour comme métamorphose est dangereux
L'amour pour moi c'est surtout essayer de comprendre
Aimer pour soi en fait sonne creux
Je suis poète, par persuasion et par mépris
j'aime dépoussiérer la terre pour trouver des amphores
Bien sûr, j'ai connu et connais des frustrations
On a bien tous nos peurs, soucis et autres ablations
Tu pourrais m'en vouloir
Et moi je m'en veux
On s'est rencontré trop tard
On fait pas toujours ce qu'on veux
J'avais chassé la gêne
Je me suis dit aller ! Osons !
Sans ménager ton tempérament.
Un pas en arrière
Sans détourner ton regard
Te porta sur un nuage
Et je blâmais le ciel
Pour tant de légèreté.





III.

Comme Mea Culpa
Je te laverai les pieds
Doux comme l'alpaga
Ton pardon pour laurier.
Et si c'était toi, hypothèse
Qui avais, ses jours, eus tord
Mettre en jeu ton aise
Mettre en jeu ton confort
Pour ouvrir une parenthèse
Essayer un nouvelle accord
Préférer une réalité mauvaise
Au rêves et ses ressorts
Je n'aime guère, mi Amor
Philosopher de l' amor
Ça me vanne, ça me scotche
Ça me Walter Scotch
A une vitesse inouïe
L'Ivanhoé s'évanouit
Si j'étais immortel
Je ne m'attacherai qu'au futile
Tout serait bagatelle
Sublime et subtile

Mégapoles

Mégapoles

La comète sociale, avant de pénétrer dans l’atmosphère Se scinda en une pluie d’astéroïdes épars. Mais, paradoxalement, du cataclysme naquit un espoir : Comme un vaccin succède à une maladie délétère Et l’irradie ensuite, sur les cratères du monde ancien Aux « quatre coins » de notre sphère frappée par le destin Les hommes craintifs sporadiquement s’unirent Pour bâtir en ces crevasses des fondations porteuses d’avenir Car l’un avait dit que « Jamais un même lieu ne sera touché deux fois ! » ; Après quoi il avait giflé sans ménagement l’aîné de ses fils, Celui-ci ayant soutenu : « Vous croyez avec certitude mon père en d’imperceptibles lois », Dû naturellement réciter vingt credo pour expier ses vices. Mille révolutions célestes passèrent, cinquante générations vigoureuses Se succédèrent, dominés par une nécessité douloureuse : Consolider l’alliance et sa structure. Ainsi, les frêles polis S’élargirent, s’extirpant de leurs panses, s’étalant par-delà Toute perception terrestre, sur les flancs des montagnes, les deltas, Les déserts ; faisant même de certain lacs un sol lisse. Les forêts furent transposées sur les toits des immeubles. Quelques mers disparurent, on cimentait toute terre meuble Et progressivement l’Atlantide réapparue dans les Açores. Aussi, les tours du monde à pieds fut une nouvelle manne pour les opérators ; Montevideo atteignit Bogota et New York joignit Los Angeles, Tous les climats se confondaient d’une mégapolis à l’autre Et l’homme se confondant avec dieu devint son propre apôtre Dévoué cependant envers les philosophes-rois dénommés « altesses ». Et ceux-là, tacitement convinrent d’une commune religion. Les frontières abolies, disparurent guerres et rebellions Et on appela district les pays du Vieux continent. La Belgique devint un gîte, l’Espagne une auberge, le Luxembourg introuvable…Dans les salons, la France demeurait un séjour charmant Mais en deçà du transport vertigineusement incomparable Que par beau temps procurait un simple regard Suspendu au sommet du « diadème », titanesque colonne haute par quatorze kilomètres Sur lequel, les jours lumineux, défilaient une nuée de guêtres Issues des trois uniques caste : les voyants stylites, Les travailleurs cosmopolites et les vaillants hoplites.



L’entreprise
humaine,
incommensurable
chantier
Vint à considérer
le transsibérien
comme une ligne de quartier. Le luxe fut d’habiter au plus près du soleil. Comme autant de gouttes de pluie par tempête, Dans le cycle social centrifuge puis centripète Les humains grouillaient et s’entrechoquaient chacun Dans un Bauss uniforme, grisâtre, commun, Aux crevantes parures lumineuses et aux artificiels sommeils ! A l’aube de ce soir fatigué s'éveille la civilisation immature tandis que meurt La nature qui s’étiole car plus personne ne la distille Mes frères qui parient trop sur le « bonheur » du ciel instillent Trop peu de joies à celui de notre terre ; paradigme perdu ? L’homme hypostasia sa figure déchue En une fallacieuse vision pédante, démiurge, incongrue. Et alors même qu'il se mettait à terre, en ce temps obscur, lointain, austère, Un
nouveau
cataclysme
frappe
la
terre.

Vers libre vers la liberté Les plumes écrasées

Vers libre vers la liberté

Notre force s’élève
Notre vie déjà s’éteint.
L’univers court
Dans un temps si minuscule
Une lumière, une ombre, une fumée.
Depuis tant de nuits
De lunes passagères,
De veilles et de sommeils
Notre force s’élève.
Dans l’exaltation de la fête
La foule semble à un hydre à miles têtes
Le puissant amour salé
De la mer de cristal
Brillent dans l’écume
De nos yeux plissés.
Nos forces s’élèvent, conquièrent.
Partageant l’espace
Saisissant une place
Pariant et tranchant
Dans l’empire des astres
Comme naissent nos étoiles
Dans cette étreinte
Nos vies déjà se teintent.
Notre force s'élève.
Notre vie déjà s'éteint.



Les plumes écrasées

Pas même un bruit sourd
Ne perturbe le silence
L’athlète suant court
Le souffle en cadence.
Du gris omniprésent
Naît un fil de pluie
Sur le sol tapant
Le coureur reluit
Sous le lampadaire
Il accélère
Jusqu’à épuisement
Il court sûrement
Courant pour fuir
Ce qu’il ne veut décrire
Foyer dépourvu de cendre
Voulant aimer sans perdre
Une flamme douce et fraîche
Il court au devant de discours
Rapide comme une flèche
Aucun désert ne dessèche
L’espoir de plus loin
Porter son regard
Dans l’incertain.
Vint le cauchemar :
Volant comme l’air
Au tournant d’un sentier
Il fut pétrifié
Par la soudaine lumière
Couleur d’extase sacrilège
Sont corps s’allège
Du sang colore la neige.

La parade militaire Faire carrière La Bérézina suivie de...rien

La parade militaire

La procession militaire, Célèbre esthétisme désuet, Cortège somptueusement somptuaire, Orgueil imparfait, Parade avec la même fière allure, le même train de déportation qu’une tortue réanimée par de grandes flammes. Écoutez ! Écoutez ! Le bruit du tambour et des trompettes Du cœur orchestrant : Do courbé, Ré édulcoré, Mi soumis, Fastidieux, Sol appesantie, La, Ré publics, Si sibyllin, et ainsi de suite ; Sang, Bémol, Aucun. Mai en fête, L’hymne mené au départ n’a rien à voire avec l’hyménée à l'arrivée : Partant des Champs-Elysées sous un bleu soleil, les divisions Par temps de pluie parviennent sous l’arc de triomphe. Armée ! Pour sceller ton beau mariage avec naguère ! Très sûr armée ! Très suranné ! Tu n'affirmes pas la liberté Tu l'infirmes Éhonté ! Et on tait, Et on n’y fait que taire, Et on n’y fait que terre, cendre, poussière. De la poudre aux yeux à la poudre des fusils Tes soldats de plomb aux semelles de plomb Chantent les canons qui font déchanter Tes sujets nationaux offensés, endoloris.

Faire carrière

Pensée décadente, arc, flèche, et peinture de guerre Constellés de concertations délétères Cette autonomie dissolue, dans laquelle se vautrent Parmi les vautours, les charognes, et les prophètes sans apôtres Rebuts et trésors de l’âme, nos peines et nos joies Nos secrets insolites, et leurs mystères pantois. Sexe et sécrétion de bile que nos salives Communiquent au quotidien comme croassent les corbeaux
Ou comme on meurent, aussi, seul, flétri, râpeux, au rebut, au rabot Comme ces radeaux en rade sur la mer morte à la dérive On te prêche on te rabaisse mais personne ne te repêche Et le devenir de l'être qu'on nous rabâche ? Où est l'homme en devenir, l'homme nouveau, cette personne insolite ? Si vous sentiez à quel point vous êtes lâches Pour vous complaire dans des offenses (hypocrites) A toujours vouloir être un modèle on vous modélise Et c'est dans votre satisfaction qu'on désacralise Les vieux et leurs escarres, les pauvres et leur pain Pendant que le trottoir s'enivre des escarpins C'est la fable du fusil et du parpaing La liberté dans l'ignorance, le choix dans l'amalgame On n'offre aux potentiels que des potences.


La Bérézina suivie de...rien

Les rangs serrés progressaient à vive allure Sous les plaine, les collines et les cols de Transleithanie Ils rêvaient de conquérir un pays doux, riche, azur Galvanisés par leur chef dictant l’ordre en litanie. Leur pas raisonnant jusqu’aux protes de Lacédémone Formaient un sillon semblable au lit d’un fleuve asséché. Sur son noble cheval, l’empereur miroitait la couronne Du tzar, préparant son pieux pour mieux l'embrocher.

Mais aucune prise n’est permise sans bataille Armé et féroce l’envahisseur approche Des premiers remparts ; Seule consigne : pas de détails ! Dans la cité tous frissonnent aux fracas des boulets sur la roche, Encerclés par la nuée, acculés à la famine. Se répandent l’anthropophagie, la vermine, Les plus optimistes n’ont plus de doutes sur l’issue fatale Les portes cèdent : Pour l’empire la victoire est totale ! La nouvelle s’épand, Sur la Russie la France s’abat comme la foudre. Moscou ne parviendra à résister tout l’hiver Quel miracle sauvera le peuple de cet enfer ? Les baïonnettes s’acheminent dans la vélocité Avant que la neige ne recouvre l’immensité. La marche longue devient ardue avec le froid Doublé d’un blizzard laissant les soldats sans voix.

Une lueur au loin, là-bas voici la capitale ! Nous touchons au but ! Frappons le point vital ! Si les soldats savent combien la steppe fut un tombeau Pour ces milliers de militaires : Quelle rage les envahie à ses mots ! Ils se précipitent, fous devenus sanguinaires Dans l'enceinte, dans les flammes, dans le bûché. Jusqu'à ce que meurent les plus téméraires L’ennemi se sacrifia pour faire trébucher le français. Désabusé le cortège se rassemble au clairon Laissant les morts aux loups Napoléon le fou Fît périr ses dernières créatures dans les basfonds de la souffrance Et mourut lui-même enfermé misérablement.

Dramaturge Verbiage Instant L’homme canon

Dramaturge

Molière se serait sûrement perdu, diplomate
Plus courtois qu’aucuns il se serait sans doute plaint
De notre langage si mal enseigné, automate
Dont il aurait dépassé les limites, contraint
De plonger dans notre fort beau dictionnaire français
Le françois n’étant plus guère qu’une langue morte
Sinon ardue, abrupte ; autre grammaire, en sorte
Qu’il aurait plutôt fait de se mettre à l’anglais !



Verbiage

Contrairement à la panne, le verbiage insiste
Pour finalement ne dire rien. Chevronné
Typhon de mots, il en porte peu le poids. Persistent
Vulgaires, corrosives, intempestives, des idées
De ce discours une invraisemblance pressentie,
Et qui ne signifie rien. Presque consterné
On se veut alors indulgent et repenti.
L’autre fait pour moi l’effort de parler.



Instant

Depuis tout à l’heure je dessine tes yeux tout vert
Claire comme des éclaires je dessine ton col ouvert
La rosé sur tes joues rouges buvant un bon rouge
La coupe de cristal dans ta main qui vit et bouge
C’est mon crayon et tes pastels, c’est mon bidon
Et tes rondeurs, bien au chaud dehors il grêle
Nous mordons le soleil
Et le temps court sur tes cheveux longs.



L’homme canon

O Narcisse, si la rivière pleure ce n’est ton beau
Visage qui la lamente. Tes joues, pâles tombeaux
Ne sont comme ta mort pas une bien grosse perte
C’est de voir dans tes yeux son reflet qui l’alerte
Tu as une belle maison dans le style de Manssard
Et tu as tout pour plaire pittoresque hussard
Tu as à tes pieds toutes les femmes les plus belles
Mais mauvais bougre tu te préfères à chacune d’elles.
La rivière dévastée pleure de son propre reflet
Transformé par l'usine pétrochimique de Narcisse
Elle déploie ses deux bras d'eau comme deux filets
Emportant son âme au plus profond de ses abysses.

Trucages Décomposition L'avare Ivresses

Trucages

Le hasard est si grand que nous voulons tout prévoir. Comment se prémunir de l’impondérable ? Inutile de se calfeutrer sous un pont d’érable d'indifférence et de mépris envers le temps qui part Platon, lui, savait qu’il ne savait presque rien
Et qu'impénétrables sont les voies du destin. Quant à l’homme m’a dit un sorcier ivoirien : « Il veut tout dominer mais il n’y voit rien. » Sommes-nous donc condamnés à vivre sous tension Et peut-on espérer une réconciliation ? Dirons ceux que le temps chaperonne et écrase. Si on le suspendait, tout serait couvert d’ombres Il n’y aurait plus de nouveau sans nouveaux nombres. N’en doutez pas, l’avenir et les rêves en quelques sortes se croisent !



Décomposition

Sous un ciel obscur, dans un hôpital noir Acculé dans les profonds ténèbres du néant Personne n’était au courant quand naquit un espoir Dans une ville perdue dans la nuit, ce petit nez en Avant annonçait le caractère décidé Des enfants. De sa mère étant un vrai miroir On eut pu croire qu’il ne la vit pas. Dans le noir Celle-ci, tout juste des souffrances décédées Sans crier avait quitté son fils, dans le noir
Pour ne pas déranger sa moitié endormi. Le marmot tâtant le sein pour s'abreuvoir
Senti le froid, senti la mort dans son lait Personne ne saura combien il souffrait étranglé par son cordon à la même tragédie.



L'avare


J’ai connu un homme qui vivait dans un sommeil
Qui ne vivait pas ses rêves mais rêvait sa vie
Il passait tout son temps de soleil en sommeils
Et de nuit en sommeil. C’était un être d’envie
Qui ne désirait que dormir. Rêves de festins,
Rêves de femmes nues, rêves de grandeur et de pouvoir,
D’or et d’encens ; dansant, chantant le lendemain
Il accomplissait l’impossible: dormir pour voir,
Et sentir, et toucher, et goûter, et entendre,
Il pouvait à sa guise sauter, acheter ou vendre
Mille et unes vies. Nanti de ses grands pouvoirs
Il pouvait comme dans un songe vivre à sa guise
Comme l’homme vie dans la réalité la plus noire
Les fantasmes que les rêves dissimulent et aiguisent.



Ivresses

J’ai la diction pâteuse et le regard vitreux. Depuis une heure au bar à faire le pied de grue Attendant ma blonde je me suis aviné. La rue Pleine de monde semble étrécie. J’ai un petit creux Et le bar ne sert rien sinon des libations Si vous voyez une belle femme rousse, dis-je au barman, Qui entrant du regard cherche en toutes directions Dites-lui qu'elle attende et que cela me tanne De boire seul et le ventre vide. Je vais manger Rapidement et je reviens là, dans un instant. J'étais de retour hélasse rien n'avait bougé Sinon que bien repus je ne me tenais plus droit. La foule informe, l'absurde absence, le cœur battant Je bus encore, étant tout de même sans ma reine, roi.

Humeurs Improvisations Sympathies

Humeurs


Aujourd’hui je me sens, lucide ébriété

Capable de tous les sentiments, démesure raisonnable

Tout et son contraire : rien du tout, son tant palpables

Que j’ai beau faire il est inutile d’insister.


Quel ennui distrayant, lassitude divertie

Par la récalcitrante stimulation d’une guigne

De bonne fortune, d’un farniente de trop remplie

Frivole mais intransigeant, débauché mais digne,


Plus j’entoure, moins je cerne. Sérieusement puéril

Sereinement indécis, soucieux, déterminé

J’aborde de loin une turpitude rassérénée.

Je suis moitié vide moitié plein, comme le baril


De Diogène content de se plaindre d’un noir soleil

De ce cénacle solitaire, indescriptible

L’ère de production et de désastre sommeille

Inférée à mes humeurs imprescriptibles.



Improvisations


Couperet à double tranchant qui ne s’écrit La parole se soulève, s’élève, brusquement s’écrie S’articule et compose en vers et en prose Des scènes exagérées dont la vie dispose. Brève de comptoir, humour franc, humour noir, humour plat ou extatique, L’humour, par ses contorsions exprime l’amour

Ou le refus, l’avis. Il se veut emphatique Exagéré, ou d'empathie, épousseter la forme Sans trop la choquer, Mais en la faisant rire, pleurer Pour déplacer, L'humeur des dunes de sable de nos cœurs.




Sympathies


Parfois on perçoit pour une personne incomprise Un vif et véritable sentiment vorace De sympathie. Rejetant alors toutes ces méprises On pense alors se reconnaître devant cette face. Ce sentiment est tel qu’il déplace toutes les masses D’incongruités qui pourtant séparent un chacun. Je ne parle pas de couleur ni de place ni de race Ou de classe ou autres fadaises, mais d’un lieu opportun Où chacun cueille, ramasse les fruits de son amour Raisonnable. La sympathie est un grand panier Où s’entassent ceux qui pourrissent et ceux dégustés dans le mystère attirant de toute une vie.

L’œil Artilleries

L’œil


Observateur sagace des mœurs contemporaines

Par lui mon instinct de conservation s’insurge.

Ils sont les pieds de mes vers, de mes verres les rennes

Par eux les tracas du monde apportent aux dramaturges

L’idée pour leur pièce. Parfois l’œil divague épart

Indécis, gêné, se révulse, virevolte ou part

Dans de multiples directions éberlué. L’œil

Pilier perçant parfois dépasse le seuil

De la simple visé, va plus loin, au-delà

Et sans crier gare, foudroie soudain par hasard

Aux moments les plus inattendus, les plus rares.

L’œil est aussi l’arme du chasseur, du fusil

L’épaule qui dans la foule scrute les regards transits.

L’œil stimule la rue. Harcèlement, déchirure des paupières

L'œil voit déjà la statut derrière la pierre.


Artilleries


Où donc le chercher? Le bonheur est dans l’à part.

Où donc le chercher? L’art choc mais l’art est public

Rien ne l’arrête, pas même un arrêt public

Rien, non rien, pas même la critique diffamatoire.

L’art est un simple bonheur non parachevé.

Simple baffe à laquelle on ne veut consentir

Bien qu’on évite les coups toujours on est frappé

Tel l’occultisme on a peur de s’y convertir

L’art semble à une guerre propre et personnelle, compacte ;

Il enjoue, défi et touche, façonne l’impolie ;

C’est une balle qui malgré l’impact demeure intacte

Pour à tous remémorer avec insistance

A quels sorts sont voués, l’imposture, la calomnie

A notre secours l’art vole avec véhémence.